UN CERTAIN REGARD

A mi-parcours du Festival, une révélation cannoise : le chien Kodi ! Le griffon trône sur l’affiche du premier long-métrage de Laetitia Dosch, Le Procès du chien, présenté à Un certain regard… Un an après le succès du border collie Messi, dans Anatomie d’une chute, de Justine Triet, Palme d’or en 2023, doublée d’une Palm Dog pour l’animal, les chiens acteurs ont décidément la truffe dans le vent – Messi a d’ailleurs monté les marches triomphalement le 14 mai.

Il faut dire que le griffon du Procès du chien est assez doué pour nous attendrir, et nous suspendre à son sort. Kodi, qui accompagne un homme malvoyant, Dariuch (François Damiens), a mordu plusieurs individus et normalement devrait être « endormi », terme pudique pour évoquer sa mort. L’actrice et réalisatrice s’est inspirée d’un fait réel, qu’elle détourne en une fable surréaliste et loufoque. Laetitia Dosch incarne une avocate des causes perdues, Avril, qui va tenter l’improbable, convaincre le tribunal que Kodi est une personne. A ce titre, il aurait droit à un procès.

Reine du burlesque

On connaissait la comédienne, découverte dans le premier « long » de Justine Triet, La Bataille de Solférino (2013), ainsi que la performeuse d’un duo inoubliable avec son cheval, Hate (2018), créé au Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse). Avec Le Procès du chien, Laetitia Dosch se révèle reine du burlesque, des situations limite et du rire enfoui sous des tonnes de réflexion (antispéciste, etc). Car le sujet est des plus sérieux.

Avril, l’acrobate du code civil, va faire tourner la tête des juges et des experts qui défilent à la barre – Jean-Pascal Zadi incarne un conseiller animalier aussi créatif et foldingue que l’avocate. Si le chien est « le meilleur ami de l’homme », quelle place lui accorde-t-on dans la société ? Kodi a-t-il attaqué pour se défendre ? La dame victime de la morsure, qui a perdu la moitié de sa joue, peut-elle obtenir réparation autrement que par la mort de l’animal ? Et lorsqu’il s’avère que Kodi attaque davantage les femmes que les hommes, le film devient un irrésistible #metoo toutou.