« Combien elle vaut ? Je ne sais pas. 50 000 ou 60 000 euros ? » Depuis le début de l’année, Adrien Christmann opère sur une nouvelle machine pour réaliser le cousu norvégien des chaussures Heschung. « Par passion pour la mode », cet ancien menuisier âgé de 25 ans a rejoint le personnel de cette PME familiale en 2022.

Pierre Heschung, directeur général de cette entreprise née en 1934 à Steinbourg (Bas-Rhin) et petit-fils de son fondateur, a vite repéré « ses prédispositions et son habileté ». Et il a formé M. Christmann « sur le tas » à différents postes, dont le fraisage et le talonnage, avant d’aborder le « Graal », le cousu norvégien.

Cette opération complexe permet d’assembler la tige de la chaussure, sa trépointe et la première de montage (une sorte de semelle) grâce à une surpiqûre d’un fil de dix brins de lin, imbibés de cire chauffée pour une parfaite étanchéité. « Il m’a fallu un an pour être vraiment à l’aise », se remémore M. Christmann, en ouvrant le capot de cette nouvelle machine à coudre pour montrer fièrement sa mécanique rutilante « plus précise » que la précédente. « Elle est magnifique, hein ?  » Dans son dos, une autre machine tout aussi neuve, de fabrication italienne, rabat la trépointe. « En six mois, nous avons investi plus de 300 000 euros dans de nouveaux outils », explique M. Heschung.

Cinq nouvelles boutiques

La PME a aussi consacré 400 000 euros à la création d’un nouveau magasin d’usine, dans un bâtiment mitoyen de l’atelier historique, en remplacement de l’ancienne boutique située sur la commune voisine de Dettwiller. En complément de ses dix points de vente exploités entre autres à Paris, Lille et Aix-en-Provence, elle ouvrira cinq nouvelles boutiques à son enseigne en septembre, dont trois à Paris et deux autres à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et à Lyon. En 2024, Heschung, qui compte 85 salariés (dont trente à Steinbourg) a embauché une dizaine de personnes, et une dizaine de postes seront créés d’ici la fin de l’année.

En 2023, l’ensemble de ces investissements paraissaient hors de propos. Mis en péril par son actionnaire, le fonds d’investissement French Legacy Group piloté par Renaud Dutreil, ancien secrétaire d’Etat chargé des petites et moyennes entreprises, qui détenait aussi les chaussures Clergerie, Heschung avait été contraint de demander son placement en redressement judiciaire en avril 2023. Trois mois plus tard, Pierre Heschung est parvenu à sauver l’entreprise familiale et l’ensemble de ses emplois. Ce fut en présentant une offre de reprise des actifs pour 700 000 euros, en s’associant à Philippe Catteau.

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