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Aujourd’hui l’économie – L’Australie menace de crouler sous les panneaux solaires usagés

En Australie, près d’un foyer sur trois est équipé de panneaux solaires. Un record mondial. Mais si le pays est en avance sur le photovoltaïque, il l’est aussi sur les déchets produits par le secteur. Ces panneaux solaires usagés commencent à s’accumuler et sont très peu recyclés. Un signal d’alerte pour toute la filière, face aux risques pour l’approvisionnement en matières premières critiques.

Au début des années 2010, l’Australie a engagé une politique ambitieuse d’aides à l’achat de panneaux solaires. Le programme a si bien fonctionné qu’un tiers des foyers australiens ont aujourd’hui des panneaux sur le toit de leur logement. En Australie méridionale, l’un des huit États du pays, cette proportion est encore plus importante : un foyer sur deux est alimenté par des panneaux solaires à domicile.

Les panneaux solaires peuvent fonctionner en théorie pendant 25 ou 30 ans. Cependant, en Australie, un changement des normes électriques a poussé certains habitants à remplacer plus tôt que prévu leurs panneaux solaires. Seul l’État de Victoria interdit l’enfouissement des panneaux solaires. Dans le reste du pays, des panneaux parfois encore en état de marche finissent dans des décharges et les métaux qu’ils contiennent ne sont pas récupérés pour fabriquer de nouveaux panneaux.

1 million de tonnes de panneaux jetés en 2034

Un panneau solaire contient du cuivre, de l’argent et du silicium. Ces matériaux sont cruciaux pour la transition énergétique, et la demande pourrait dépasser l’offre dans les prochaines années, en particulier dans le cas de l’argent. D’autant plus que lors de la COP28 en décembre dernier, engagement a été pris de tripler les capacités de production d’énergies renouvelables d’ici à 2030. D’où l’importance de recycler les panneaux. Mais en Australie, d’après une étude publiée la semaine dernière par l’université de Nouvelle-Galles du sud, la quantité de panneaux solaires en fin de vie dans le pays va être multipliée quasiment par sept en l’espace de dix ans, pour atteindre plus d’un million de tonnes par an en 2034. 

Une filière de recyclage à construire

Le pays n’a pas les capacités de recyclage suffisantes pour valoriser ces déchets. L’enfouissement d’un panneau solaire coute 2 dollars australiens, mais le recycler coûte jusqu’à 10 fois plus cher. De plus, peu d’entreprises dans le monde ont mis en place des procédés efficaces à l’échelle industrielle pour récupérer les matériaux qui ont le plus de valeur (même s’il existe une usine de ce type en France, ouverte en 2023). Pour l’instant les compagnies qui vendent les panneaux en Australie ne sont pas incitées non plus à prendre en charge une partie du prix du recyclage, contrairement aux Pays-Bas par exemple, un des leaders européens en matière de recyclage. Les autorités néerlandaises ont récemment décidé de passer de 6,50 € la tonne à 40 € la tonne leur taxe sur le recyclage des panneaux solaires. En Australie au contraire, il n’existe pas d’incitations aussi fortes. Il y a quelques années encore, le pays envoyait ces déchets à l’étranger, ce qui a pu freiner le développement d’entreprises locales de recyclage. Il n’existe pas non plus de débouchés sur place pour réutiliser les métaux recyclés, car l’Australie importe presque tous ses panneaux solaires de Chine. Un paradoxe, selon le premier ministre lui-même : « Nous sommes le pays au monde qui compte le plus grand nombre de panneaux solaires par habitant, sur nos toits. Mais seulement 1 % de ces panneaux sont fabriqués en Australie », expliquait la semaine dernière le travailliste Anthony Albanese.

Un milliard pour des panneaux solaires made in Australia

Le gouvernement a annoncé jeudi dernier 1 milliard de dollars australiens (600 millions d’euros environ) d’investissements publics pour construire une usine de panneaux solaires, qui emploiera les anciens salariés d’une centrale à charbon. L’objectif est de substituer une partie des importations chinoises, c’est-à-dire d’éviter d’importer tous ses panneaux de Chine, mais il n’y a pas eu d’annonce concrète ni de calendrier pour développer une filière de recyclage.

L’Australie a pour ambition de produire 82 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables dès 2030. Pour l’instant, on en est encore loin : encore la moitié de cette électricité vient de centrales à charbon, extrêmement polluantes.

Source du contenu: www.rfi.fr

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