Dans le cadre d’une commission d’enquête liée aux activité de son groupe, le patron de la major pétro-gazière a été entendu pendant près de deux heures. Il a été notamment questionné sur le sujet de la transition que doit mener son groupe dans le cadre du respect de l’Accord de Paris.
Publié le :
3 mn
Sortir du pétrole mais pas trop vite : le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a défendu lundi 29 avril sa vision du futur énergétique lors d’une audition très attendue devant la commission sénatoriale qui s’interroge sur la cohérence des activités du groupe avec les engagements climatiques de la France. Après plusieurs mois de travaux, l’audition du PDG de la multinationale pétro-gazière était le point d’orgue de cette commission d’enquête sur TotalEnergies et le climat, dont le rapport est attendu pour mi-juin.
Durant environ 2h15, devant une dizaine de sénateurs, l’audition s’est déroulée sans réelle passe d’armes entre le bouillant patron de la multinationale et l’initiateur de cette commission, le sénateur écologiste Yannick Jadot, très critique envers la stratégie du groupe. La commission porte sur « les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France ».
Patrick Pouyanné mise sur les centrales à gaz
Calme, consultant à peine ses notes, Patrick Pouyanné a déroulé son discours devant les sénateurs de la commission d’enquête. Il a déroulé un exposé sur la demande mondiale en énergie, avec son argument fétiche : la demande mondiale augmente, elle doit donc être couverte par une offre suffisante.
Attendu sur la stratégie de son groupe dans le cadre de la transition énergétique, il a pris les devants notamment sur la question des investissements de TotalEnergies dans le secteur du gaz qu’il considère comme une énergie de tranistion : « le moyen le plus flexible de production d’électricité, c’est les centrales à gaz. Il y a un autre moyen de faire de l’électricité flexible, c’est le charbon. Au lieu de faire brûler du charbon pour faire de l’électricité, on brûle du gaz, et là on émet deux fois moins de CO2. Si on se dit que l’objectoire de la trajectoire, c’est moins d’émissions, le gaz peut y contribuer. »
Discours évidemment contesté et si Patrick Pouyanné n’a guère été chahuté par les sénateurs, la société civile, elle, est bien plus critique : « Ce n’est pas comme essaie de nous convaincre Total une énergie de transition, réagit Juliette Renault, de l’ONG Les Amis de la Terre. Le gaz, c’est du méthane, qui a un pouvoir réchauffant 84 fois supérieur au dioxyde de carbone [CO2]. Il y a du méthane tout au long du cycle de vie du gaz, depuis l’extraction, et ses fuites se répètent lors du transport du gaz. Donc c’est toutes ces étapes qui font qu’il y a cet impact climatique. »
À l’évocation du scénario de neutralité carbone en 2050 de l’Agence internationale de l’énergie qui proscrit tout nouveau projet pétro-gazier pour parvenir à l’objectif d’un réchauffement maximal d’1,5°C, le PDG s’est irrité contre une « nouvelle bible » et « un scénario théorique ».
À lire aussiL’Agence internationale de l’énergie prédit un pic des énergies fossiles avant 2030
Cette commission d’enquête sur les obligations de TotalEnergies va se poursuivre tout le mois de mai. Elle s’achèvera le 27 avec l’audition de l’ancien président François Hollande.
À lire aussiQuel est le rôle du méthane dans le réchauffement climatique?
Source du contenu: www.rfi.fr