En début de saison, voir le Bayer Leverkusen et l’Atalanta Bergame se disputer un sacre avait tout d’une incongruité. Surnommé « Neverkusen » pour sa propension à manquer systématiquement le coche de peu, année après année, le club allemand traîne une réputation semblable à celle de la « Dea », dont l’armoire à trophées attend désespérément de nouveaux occupants depuis la Coupe d’Italie 1963 (à l’exception de trois sacres en deuxième division). Mais, mercredi 22 mai, à 21 heures, à Dublin, une des deux équipes goûtera à la saveur d’une victoire européenne, à l’occasion de la finale de la Ligue Europa.

Elles ne se présenteront pourtant pas vraiment à égalité dans la verte Erin. Car si les hommes de Gian Piero Gasperini ont été fidèles à eux-mêmes – bien malgré eux – en laissant échapper la Coupe d’Italie, contre la Juventus Turin, une semaine plus tôt, difficile de se souvenir que le Bayer ne gagnait rien il y a encore quelques mois. C’est même tout le contraire : le « Werkself » (le « onze de l’usine ») est encore invaincu sur cet exercice 2023-2024, emportant tout sur son passage, dont son premier titre de champion d’Allemagne.

La Bundesliga en poche, Xabi Alonso et ses troupes ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin. « Quand vous allez en finale, vous n’y allez pas pour faire de la figuration, vous y allez pour la gagner. Nous allons essayer de faire un dernier effort », a expliqué, déterminé, l’Espagnol à la veille du match. Il leur faudra même en faire deux, puisque le Bayer est encore en lice pour un potentiel triplé et disputera la finale de la Coupe d’Allemagne samedi, contre Kaiserslautern.

Présent face à la presse au côté de son entraîneur, le défenseur Jonathan Tah n’a pas non plus épilogué sur ses futures vacances. « A un moment donné de l’été, sur la plage, nous réaliserons ce qui s’est passé. Mais, maintenant, nous sommes toujours dans le présent. » Si rien ne semble pouvoir résister à ses Allemands en quête de leurs 52^e et 53^e matchs sans défaite de la saison, l’Atalanta fait figure de candidat idéal pour mettre fin à cette série. En grande forme et victorieux de sept de leurs neuf dernières rencontres toutes compétitions confondues, les Bergamasques sont portés en Europe par leur attaquant Gianluca Scamacca, qui a marqué à chaque tour lors des phases finales.

Le Bayer après Liverpool et Marseille ?

Les Marseillais en savent quelque chose, eux qui ont chuté 3 à 0 en demi-finale retour face aux Italiens (4-1 sur les deux matchs). Liverpool aussi. Au tour précédent, les Reds, grandissimes favoris de la compétition, avaient essuyé un camouflet à l’aller, s’inclinant 3 à 0 devant leur public (3-1 en tout). Equipe joueuse, parfois à l’extrême, l’Atalanta ne compte pas se renier mercredi. « Nous avons besoin de tout pour arrêter Leverkusen, pas seulement de la défense. C’est notre philosophie : nous attaquons à dix et nous défendons à dix », détaille son capitaine, Berat Djimsiti.

Le défenseur l’assure : il n’y a « pas de favoris » dans cette finale. Un avis partagé par Xabi Alonso, lors des traditionnelles politesses d’avant-match. « [Les Bergamasques] savent ce qu’ils veulent et réussissent en Italie et en Europe, ils ont un grand entraîneur et de grands joueurs. Il faudra de la tactique, de l’intelligence et du mental. » Auteur d’un parcours quasi parfait depuis son arrivée en Rhénanie-du-Nord-Westphalie en octobre 2022, l’ex-milieu de terrain de Liverpool et du Real Madrid se souvient de la saison précédente, et de la courte élimination de son équipe en demi-finale contre un autre club de la Botte, l’AS Rome (1-0).

Cette année, il a tout prévu, jusqu’à préparer ses troupes aux penaltys. « On ne sait jamais », a souligné l’Espagnol, rappelant tout de même que les trois dernières éditions de la Ligue Europa se sont conclues sur une périlleuse séance de tirs au but. Face à l’insolente réussite du Bayer, Gian Piero Gasperini espère sûrement ne pas devoir en arriver là.